En 1952, Harry Bertoia signe pour Knoll un meuble devenu légendaire, la chaise Diamond. Toutefois, derrière le succès de cet objet iconique se cache un artiste bien plus complet. Bertoia était un métallurgiste visionnaire et un sculpteur de renom. Dans cet article, découvrez le portrait d’un homme aux multiples talents.
Harry Bertoia est né en 1915 en Italie. Dès ses 15 ans, il s’installe aux États-Unis, à Détroit, pour suivre les cours de la Cass Technical High School. Là-bas, il apprend l'art, le design et la joaillerie artisanale. En 1937, il obtient une bourse d’étude lui permettant d’intégrer la Cranbrook Educational Community. Il rencontre alors des personnes qui marqueront sa carrière : Walter Gropius, Edmund Bacon, Florence Knoll et le couple Charles et Ray Eames.
Harry Bertoia commence sa carrière en 1939 avec un atelier de ferronnerie, se consacrant d’abord à la création de bijoux. Son expertise métallurgique et sa contribution à la division contreplaqué moulé d'Evans Products en Californie, en 1943, marquent ses débuts dans le design de mobilier. En 1950, il s'installe en Pennsylvanie pour ouvrir son studio, amorçant une collaboration fructueuse avec Hans et Florence Knoll, collaboration de laquelle naîtra sa collection de chaises emblématiques, toujours commercialisée aujourd’hui.
La Diamond Chair, une création sculpturale en fils de métal tressés, voit le jour en 1952. Sa conception est révolutionnaire, délaissant le bois, principalement utilisé pour créer les meubles jusqu’alors. La grille métallique permet de combiner parfaitement la robustesse et la légèreté. Ce fauteuil témoigne de l’ingéniosité de Harry Bertoia et de sa capacité à dépasser la fonctionnalité pour créer des pièces d'art. L’artiste dit lui-même "si l'on regarde de plus près, il est principalement fait d'air puisqu'il s'agit en réalité d'une sculpture dans laquelle le vide passe ».
La Diamond Chair rencontre immédiatement un succès planétaire. Chez Knoll, on retrouve aujourd’hui quatre déclinaisons basées sur le même principe de fils de métal tressés : la Side Chair, la Bird Chair, le Barstool et l'Asymmetric Chair.
Le triomphe mondial de la Diamond Chair permet à Harry Bertoia de se consacrer pleinement à ses sculptures, sans avoir à se soucier de gagner sa vie. Cependant, il entraîne aussi une sorte de “malédiction”, éclipsant les autres facettes de son œuvre aux yeux du public. Comme le souligne l'historien de Knoll, Brian Lutz, "les peintures de Bertoia étaient meilleures que ses sculptures. Et ses sculptures étaient meilleures que son mobilier. Mais son mobilier était absolument génial."
Tout au long de sa carrière, Harry Bertoia n’a eu de cesse de mener des recherches sur le fond, la forme et l’espace. Les sculptures Sonambient incarnent l'aboutissement de ce travail. Fasciné par la musique, mais non doté de ce talent, il met au point des sculptures sonores comme "un instrument de musique dont tout le monde peut jouer". Il s’inspire d’un souvenir d’enfance, reproduisant le rythme des poêles et des casseroles avec des métaux variés : le laiton, le bronze, le cuivre au béryllium, l'aluminium, le monel, l'Inconel et le placage d'or. Le premier prototype voit le jour en 1950. Puis, de 1959 jusqu'à sa mort en 1978, Bertoia crée des milliers de sculptures Sonambient, variant les tailles et les matériaux, et veillant à ce qu'aucune ne soit identique. Avec l'aide de son frère musicien, onze albums de concerts Sonambient sont enregistrés, ajoutant une dimension sonore inédite à son œuvre.
Harry Bertoia a laissé un héritage remarquable dans l’univers du design grâce à la chaise Diamond pour Knoll, qui demeure aujourd’hui encore une véritable icône. Mais son expression à travers le métal a, de loin, dépassé les frontières de cette discipline. Bertoia est un artiste complet, qui a marqué le XXᵉ siècle par l’ensemble de son œuvre.
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chez Création Contemporaine à Lyon 03.